Premières In-pressions

Chère goutte d’eau,

Laisse-moi me présenter. Je suis rouge, je suis chaude, je suis brillante. Que suis-je ? Je représente une toute petite roche incandescente dans la croûte de la Terre. La plaque tectonique à ma gauche me trouve insignifiante ; celle à ma droite m’aime autant qu’un caillou dans un soulier. Leur plaire, je l’ai trop longtemps essayé en vain. Comment est-ce pour toi de voyager, de changer de compagnons dans un remous ? Moi, je ne me sens pas à ma place, je désirerais m’enfuir. Tu te demandes pour aller où ? Eh bien !  Je te réponds : « Vers la surface ! » Là-bas, le ciel rayonne bleu et l’air s’engouffre, froid.

Laisse-moi t’expliquer. Je sais que tu te passionnes pour l’astronomie, la Lune et les marées si je me souviens bien, mais parlons plutôt chimie. En effet, vois-tu, la pression se définit comme la somme de l’énergie des collisions de particules sur les parois de leur contenant, identique à mes pensées. Qui gigotent, se bousculent, se heurtent à répétition sur les murs de ma cage ! Malheureusement, à chaque tentative, la prison se resserre. Force invincible, ennemi invisible, que faire contre les newtons de l’ambition et de la réalité ? Ils vous attaquent chacun de leur côté, ces petits soldats insomniaques ...

Laisse-moi te le divulguer. J’ai un secret et il gronde. Je ne pourrai probablement pas le contenir encore bien longtemps mon amie. Il grossit, il devient un son qui résonne, une tension qui carillonne, une chanson de toutes mes intentions inachevées. Inachevables ! Oui, oui, je souhaiterais qu’apparaisse un geyser, un volcan, un CATACLYSME. Libre, quel rêve ! Qui sait ? Si cela devait advenir, nous pourrions nous rejoindre sur le bord de ton océan favori. Qu’en dirais-tu, chère confidente ?

En tout cas, je t’envoie toute mon affection,

Ta petite roche