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Histoire d’intégration

En discutant durant des réunions du journal, nous avons réalisé qu’il existait plusieurs zones d’ombre par rapport aux classes d’accueil. La plupart les voient soient comme des élèves inutilement agités ou encore comme « les chouchous » des professeur.e.s. D’un côté, il n’est pas rare de les apercevoir sans pantalon d’uniforme ou leur téléphone à la main. Mais nous sommes-nous réellement donné la peine d’essayer d’apprendre à les connaître ? C’est pour cela que nous avons pris la décision de les interroger sur six questions distinctes.





Quel est l’enjeu le plus difficile depuis que tu es arrivé.e au Canada ?

Comme nous nous y attendions, la plupart des réponses mentionnaient la difficulté de parler en français. Même si nous ne le réalisons pas, le français est la dixième langue la plus difficile à apprendre, alors c’est assez compliqué pour les nouveaux arrivants de l’apprendre. Il y a aussi une mention d’un complexe par rapport au niveau de langue des autres élèves d’autres programmes, l’adaptation et quelques fois, le froid. Cela nous a permis de réfléchir au fait que les choses qui demeurent banales pour nous ne le sont parfois pas pour les nouveaux arrivants. La plupart d’entre nous s’expriment en français assez facilement ou sont habitué.e.s au froid alors que certain.e.s le vivent pour la première fois.





As-tu trouvé facile de t’intégrer à ta classe ?

Contrairement à la première question, les réponses ont été beaucoup plus variées sur cette question. Dans les premières entrevues, nous obtenions des réponses du style : « Ça m’a pris deux semaines” sans réellement développer le pourquoi du comment. » En revanche, certain.e.s élèves, comme Nikolle Mendez, a affirmé que c’était plus simple pour elle, car il y avait plusieurs latinos dans sa classe. Donc, côtoyer des personnes de sa culture la mettait plus à l’aise. Il y a de même Jerrrica Orelien qui nous a raconté qu’elle a dû se présenter devant sa classe à la rentrée, ce qui l’a aidée à se faire des amis. Toutefois, malgré la facilité de plusieurs pour s’intégrer, Keïsha Fenelon a affirmé que cela lui a pris deux mois pour se faire des ami.e.s. Nous réalisons que ce n’est pas juste le français leur enjeu principal mais aussi l’intégration.


 


À ton avis, pourquoi les élèves de classe d’accueil ne se mélangent pas trop avec des élèves d’autres programmes ?

Les réponses de cette question nous ont beaucoup surprises, surtout en étant deux élèves du volet régulier. Certaines explications étaient plausibles comme la gêne de s’adresser à quelqu’un qui s’exprime mieux en français qu’elles ou eux. Cependant, la mention de racisme et la peur de recevoir des moqueries nous ont particulièrement étonnées. Yasmine Haj Ali nous a affirmé qu’elle pensait que les élèves d’autres programmes se pensaient meilleur.e.s que celles et ceux du programme accueil étant donné leur cheminement pédagogique évoluait plus vite . Quant à Jerry, il nous a raconté qu’en essayant de socialiser avec des élèves du cheminement régulier, ces jeunes l’auraient mis de côté uniquement parce qu’il était Noir. Ces affirmations nous confirment que ce ne sont pas uniquement les élèves du secteur régulier qui possèdent des idées toutes faites sur les classes d’accueil, mais que le contraire reste bel et bien présent.


Est-ce que certain.e.s enseignant.e.s sont indulgent.e.s avec toi parce que tu es en classe d’accueil ?

Pour cette question, cette situation concernait plus des cas particuliers. Certain.e.s élèves faisaient face à des professeur.e.s un peu plus indulgent.e.s, d’autres non. Nous pensons que cela ne change rien au fait que ces élèves proviennent du secteur accueil ou non. En matière générale, certain.e.s professeur.e.s sont indulgent.e.s et d’autres non. Alors qu’ils soient en accueil ou non ne change rien à la valeur qu’apportent le personnel au code de vie.





C’est quoi le plus difficile d’apprendre en français ?

Pour cette question, les réponses restaient autour du même sujet : la grammaire. Les élèves d’accueil peuvent s’exprimer avec des mots simples et même si elles ou ils commettent des erreurs parfois, c’est facilement compréhensible. Néanmoins, les règles de grammaire demeurent plus complexes telles que les liaisons, les exceptions, le pluriel... Ce qui était une difficulté pour nous au primaire l’est pour ces élèves aujourd’hui. Comme mentionné plus tôt, le français reste la deuxième langue la plus compliquée à apprendre. Alors, nous nous doutons que les cours de français ne sont pas toujours une part de gâteau pour ces jeunes.


 

 

Qu’est-ce qui te manque le plus dans ton pays d’origine ?

Encore une fois, les réponses se répétaient beaucoup sur cette question. La plupart des élèves s’ennuient de leur famille, de leur culture ou même de la nourriture locale. C’est une chose à laquelle de nombreuses personnes peuvent s’identifier. Plusieurs d’entre nous sont des immigrant.e.s ou proviennent de parents immigrants, alors nous pouvons aussi connaître le mal de pays.


Pour conclure, nous pensons que nous devrions aussi fournir des efforts pour apprendre à connaître les élèves de classes d’accueil. Nous ne pouvons pas les mépriser simplement, car ce sont des nouveaux arrivants, surtout quand une grande partie de l’école est d’origine immigrante. Il faut leur montrer que les préjugés que ces élèves entretiennent à notre égard ne s’appliquent pas à tout le monde et ces jeunes gagneraient à nous connaître tout comme nous. Sans l’ombre d’un doute, notre école serait encore plus ouverte sur le monde !


Nous tenons à remercier les élèves qui ont accepté de nous parler : Mayar Khenfar, Amine Zaichi, Samy Hamchaoui, Eldine Jean, Ayman Haj Ali, Nikolle Mendez, Jeriel Claudius, Aden Debabi, Yasmine Haj Ali, Jerrica Orelin, Jerry, Keïsha Fenelon, Arezki, Esther, Lev Durman, Lev Taranov, Armida Karime, Halima Yasmin et cinq élèves anonymes.

 
 
 

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