Au moment d’écrire ces lignes, les 8 et 9 novembre, puis les 23 et 24 novembre, la FIQ (fédération interprofessionnelle de la santé du Québec) est partie officiellement en grève. Cette organisation syndicale souhaite se faire enfin entendre par le gouvernement québécois une fois pour toutes. Que vous le vouliez ou non, plusieurs personnes autour de vous seront affectées d’une manière ou d’une autre par ce moyen de pression. Je vous présente donc l’essentiel rapporté par une entrevue en anonymat avec cinq infirmières du HMR de Montréal.
1. Qui sont les professionnel.le.s en grève présentement?
« Plusieurs pensent qu’il s’agit uniquement des infirmières, mais il y a aussi les infirmières auxiliaires, les perfusionnistes cliniques et les inhalothérapeutes. Nous représentons plus de 80 000 professionnels dans le domaine de la santé faisant partie de la FIQ. Notre fédération est aussi composée principalement de femmes, soit environ 90%, ce qui rend l’enjeu plus important. »
2. Les services de santé sont-ils complètement suspendus?
« Non, nous ne pouvons pas abandonner nos patients. Les professionnel.le.s sur les étages ont droit à environ une heure de grève par personne selon un horaire et un système de rotation précis. Les autres membres des cliniques externes, eux, ne sont pas autant essentiels et ont alors droit à plus de deux heures de grève, tout dépendamment de leur durée de travail habituelle et de leur nécessité. Durant ces heures, nous devons donc sortir de l’hôpital et manifester. »
3. Quelles sont vos revendications ?
« Pour commencer, l’augmentation de salaire n’est pas notre seule demande. En effet, nous voulons aussi améliorer l’entièreté de nos conditions de travail. On veut notamment que l’on prenne compte de la vie personnelle de chaque employé en nous donnant, par exemple, accès à nos horaires plus tôt, ou en nous offrant plus de journées de vacances additionnelles. Il y a aussi la charge de travail qui est rendue complètement excessive. Avec la pénurie de personnel, nous sommes constamment débordé.e.s tous les jours. Comme si ce n’était pas assez, parfois, après de longues heures de travail intense, nous nous retrouvons avec un TSO (temps supplémentaire obligatoire). Cela rend donc le travail plus pénible, fatigant et propice aux erreurs, ce qui pourrait éventuellement coûter la vie d’un patient et envoyer un membre de notre personnel en prison. Nous voulons donc aussi abolir les TSO. »
4. Pensez-vous que le gouvernement cédera à vos demandes ?
« Personnellement, je ne crois pas que toutes nos revendications seront respectées, car il y en a plusieurs. Par contre, j’ai espoir qu’il y aura effectivement une amélioration dans notre milieu de travail comme il est souhaité. Le gouvernement essaiera sûrement de négocier, mais nous devons faire en sorte que les changements soient en notre faveur. »
5. Autres commentaires
« Je pense sincèrement que cette grève est bénéfique pour tous les membres de la FIQ. Le gouvernement a constamment rejeté et ignoré nos demandes. Il était temps que l’on fasse quelque chose, car c'en est devenu trop. Avec l’inflation, les horaires, la retraite, les heures supplémentaires de travail, une bonne qualité de vie est limitée et presque impossible pour les familles monoparentales. »
Comentarios