top of page
Writer's pictureClémence Dubois Lemieux

Extrait du journal d’un ÉCUREUIL INÉBRANLABLE

Updated: Apr 24

Date inconnue

Une attitude assurée, un équilibre parfait, d’un aplomb digne des plus grands rongeurs de ce monde, je m’avance subtilement vers ce gros bâtiment brun pâle. Aujourd’hui est un grand jour pour moi et mes semblables : je chemine actuellement dans le but de porter le coup de grâce à un vieil ennemi de ma communauté, portant l’espoir de générations par dizaines.

De tour de bois rêche en mince fil de caoutchouc pouvant vous électriser au moindre faux pas, je me rapproche de ma cible. Faisant fi du brouhaha des corneilles, des menaces des chats de gouttière et des regards hostiles des bipèdes, je me concentre sur ma tâche. Ô Créateur-Aux-Dents-Si-Orange ! Nul ne peut se mettre en travers de ma route, déterminé comme je suis à faire la fierté de mon maître, Sir Du Plumeau …


Toutefois, avant de vous révéler les détails de ma mission, laissez-moi, très chers lectrices et lecteurs, éclairer votre esprit embrouillé et vous informer sur ce que je suis et ceux que je représente.

Je suis fier représentant d’un ordre dont la réputation le précède. Derrière chaque fleur morte déterrée au printemps, derrière chaque jardin infructueusement couvert de grilles métalliques, derrière chaque sac d'ordures éventré et soigneusement évidé, les humains savent à qui ils ont affaire et sont bien incapables de riposter avec succès. La vaste multitude que nous sommes ne représente qu’une dans l’adversité, peuple à la queue à faire pleurer d'envie la pilosité du plus majestueux fauve, nous nous nommons sciurus carolinensis!

Malgré tout, les miens font face au quotidien à un adversaire immuable. Ce géant de matière creuse qui renferme les pires représentants de l'espèce humanoïde - les plus jeunes insensés, sans respect envers Nature – nous l’appelons « œuvre de destruction ». En plus de marteler incessamment la terre autrefois florissante de leurs gros pieds, les êtres qui s’y établissent au courant de l’année nous privent de la paix de l’oreille comme d’un territoire verdoyant. Ils salissent le printemps de plastiques infâmes et de nourriture gaspillée. C’est pourquoi j’ai été formé pour devenir la patte de la vengeance qui chassera ces impudents de la terre qui nous est due.


Par le passé, au cœur de l’hiver, un compatriote a tenté l’objectif qui demeure aujourd’hui le mien. Malheureusement pour lui, sa griffe lui a valu le trépas et c’est dans un grand incendie que s’est consumé son échec. Libérée par ses grignotements au mauvais emplacement, l’électricité a jailli et a causé plus de dommages que voulu. Toutefois, son sacrifice n’a pas été vain : nos éclaireurs ont pu confirmer que comme pensé, sans la lumière et la chaleur procurées par leur technologie, les cauchemars ambulants avaient été obligés d’évacuer leur établissement au plus vite. Ainsi, nous avons su. Des dommages adéquatement effectués pourraient les obliger à déserter ce territoire qu’ils usurpaient.



Triompherais-je ? Je n’ai aucunement besoin de cette certitude. Sous les assauts du coin d’incisives les plus minuscules, la noisette finira toujours par céder. Des valeurs comme l’équilibre, la dévotion et le courage me porteront au-devant du destin, moi, ou le prochain, car nous combattrons sans cesse l’injustice de leur irrespect ! Promis !



P.-S. : Tenez-vous prêts …

0 views0 comments

Recent Posts

See All

Comentários


bottom of page