Afin de célébrer le talent et l’émergence de voix d’écriture prometteuses, je poursuis la présentation de travaux d’élèves de notre école. Vous serez assurément étonné.e.s des effets de style déployés par ces élèves de quatrième secondaire de la classe de Mme Naïma Amrouche, le foyer 452. Le premier et troisième textes demeurent des nouvelles littéraires et je vous laisse le soin de classer le deuxième. Bonne lecture!
L’embrasement (Marion Beck)
Ce soir-là, comme à mon habitude, je me promenais dans les rues de Paris. Mon épuisement alourdissait mes pas, mais j’étais déterminé à suivre ma routine. Je tournai sur la rue de Vaugirard où la douce lumière orangée du soleil presque couchant éclairait de ses faisceaux les murs des appartements. Comme il n’y avait que quelques passants, je me sentis à l’aise de fermer mes paupières un instant pour mieux profiter de cette soudaine quiétude.
Quand j’ouvris les yeux, ce fut aux cris terrorisés des citadins. Ils s’enfuyaient en hurlant au diable et je ne tardai pas à trouver ce qui les avait tant effrayés. Quand je le vis, mon sang se glaça. Au bout de la rue se dressait une énorme bête écailleuse crachant du feu : un dragon !
Aussitôt, je m’immobilisai, prenant compte de la situation : rien à faire. Ses flammes, crachées à vingt pieds de moi, réchauffaient mon corps tremblant et éclairaient le ciel écarlate de mille étincelles. M’apercevant que l’effroyable dragon se rapprochait de moi, je voulus m’enfuir, mais un cri de panique se coinça dans ma gorge quand je réalisai que je n’y parvenais pas. Voilà ma fin qui approchait, j’allais me faire dévorer !...
Le démon ayant atteint le dernier lampadaire, près duquel je me trouvais, il l’alluma et partit, son travail terminé. Tous les réverbères brillaient de plein feu.
L’Ode des Érudits Miraculés (Younes Younsi et Lomic Normant)
Depuis ses balbutiements, l’antimatière a indigné et éberlué la sphère terrestre dans son intégralité. En effet, cette entité remplie d’énigmes rend perplexe ce qui s’y intéresse par le nombre inouï de possibilités pouvant causer une révolution dans notre mode de vie et bouleverser notre quotidien au niveau atomique. Néanmoins, il y a un revers à cette médaille, un danger insoupçonné qui pourrait nous mener à notre épilogue dominé par le chaos et l’effroi. Quelles seraient les retentissements indéniables de l’antimatière ? Nous pensons que sa popularisation pourrait grandement changer les rapports politiques et l’utilisation de cette dernière comme source d’énergie aurait de grandes répercussions climatiques, puis pourrait faire chuter le marché de l’or noir et du porteur de l’escarbille. Vous vous questionnerez bien évidemment quant aux raisons de telles répercussions. Amorçons les tréfonds du raisonnement de notre intellect.
Depuis sa genèse, l’Homme, avec un grand H, de l’éclosion du feu jusqu’à l’épluchement de la particule de Démocrite, eut le dénuement envers l’utilisation de l’énergie, et ce, depuis l’aurore de son existence. Originellement, il utilisa sa force motrice, puis un brasier ardent vermillon qui lui permit de se sustenter, se réchauffer. Au fil du temps, il apprit à dompter son aspect biotique, soumit l’eau à sa volonté pour moudre ses grains, maîtrisa le vent afin de s’aventurer à travers les flots tumultueux.
Puis, un jour, il fit une découverte qui chamboula ses conduites conventionnelles, les fondements des fragments d’escarbille ont été telle une renaissance dans la façon de produire. Ce produit miraculeux permit de nombreuses innovations qui bouleversèrent des domaines allant de la science humaine à la production de biens en passant par le mode de vie. Cependant, tout ce qui brille n’est pas or. Avec effroi, l’humain réalisa les blessures irréversibles que cette boite de Pandore causa à sa matrone aubergiste. Le digne cadet de cette source d’estafilades, l’or noir, tandis que les saisons déroulèrent leur écharpe temporelle, exacerba les maux de la sphère terrestre. Fâcheusement, ces derniers ne sont point éternels et surtout leur utilisation reste trop funeste. C’est pourquoi nous devons impérativement leur trouver un héritier empreint de bienveillance envers notre matrice planétaire. Parmi les différents choix, nos consciences bouleversant l’ordre du facteur biotique suggèrent de choisir l’antimatière comme héritière.
Les murmures de l’absence (Ghofran Benabdallah)
Le soir de mon quatorzième anniversaire, ma mère était absente pour je ne savais quelle raison. Bien que n’ayant aucune idée de l’endroit où elle pouvait se trouver, j’étais, pour ainsi dire, convaincue qu’elle serait de retour au matin. Ainsi, mon sommeil ne fut guère troublé.
Le lendemain, la maîtresse du lieu n’était nullement rentrée. J’en étais bouleversée.
Après m’être rassasiée, au-dehors tombait une bruine grise à l’unisson de mon humeur qui s’assombrissait de minute en minute. Regagnant ma chambre, rester entre quatre murs me sembla impensable. Prémunie contre la pluie, je sortis. Sitôt hors de ma demeure, j’entamai les recherches avec la frénésie d’un chien de chasse, à l’affût du moindre signe, de l’indice le plus ténu. Trempée jusqu’aux os, mon pas s’était accéléré à mesure que l’inquiétude se muait en anxiété. Pour finir, une terreur sourde me prit, plus impérieuse qu’un fouet. Terreur à l’idée que ma mère gisait Dieu sait où, blessée, souffrante ou… plus de ce monde. Non ! Par pitié ! Des heures durant, je passai au crible ces bois mélancoliques.
Par ailleurs, vaincue, je tournai bride vers mon logis. En montant les escaliers, j’entendis un bruit léger en provenance de ma chambrette. Lorsque la porte de cette pièce fut ouverte, une entité éthérée en surgit pour m’enlacer, tout en chuchotant ces frappantes paroles: « Tu te débrouilleras fort bien toute seule, mon enfant. » Je perçus ses murmures des mots en éclatant en sanglots.
Comments